La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à des épidémies récurrentes de rougeole. Au premier semestre 2022, plus de 77 800 cas suspects de rougeole ont été enregistrés dans le pays, parmi lesquels plus d’un millier de décès. En RDC, les équipes d’urgence de Médecins Sans Frontières (MSF) se déploient, en appui au Ministère de la Santé, pour organiser des campagnes de vaccination lorsqu’une augmentation rapide des cas est notifiée dans une zone et que les capacités de réponse locales sont limitées ou que l’accès est difficile.
De janvier à mi-juillet 2022, les équipes de MSF ont ainsi vacciné plus d’un million d’enfants dans 12 provinces du pays. En parallèle de la vaccination, ces équipes assurent aussi le traitement des enfants malades, avec plus de 22 000 enfants avec la rougeole pris en charge depuis le début de l’année.
Dans certaines zones, MSF fournit également un soutien logistique aux activités de vaccination de routine dans les structures sanitaires où ses équipes sont présentes tout au long de l’année.
Comment expliquer les flambées récurrentes de rougeole en RDC ?
Pour lutter efficacement contre la rougeole en RDC, il faudrait une couverture vaccinale de 95% avec deux doses par enfant, et des campagnes de rattrapage régulières pour vacciner ceux qui passent entre les mailles du filet. Selon les chiffres officiels du Ministère de la Santé, la couverture vaccinale était de 82%, avec une dose, en 2021.
Les efforts destinés à enrayer la propagation de la maladie se heurtent à des défis gigantesques :
- Le pays connait une très forte natalité qui expose chaque jour de nouveaux enfants à la maladie ;
- Il y a des ruptures fréquentes de stocks de vaccins dans les structures, dues notamment à un très mauvais état des routes pour acheminer les vaccins et des difficultés pour maintenir la chaine de froid nécessaire pour les conserver ;
- Des contraintes géographiques et sécuritaires compliquent l’accès à certaines zones pour les acteurs médicaux et humanitaires ;
- Dans certaines régions, les parents doivent parcourir de très longues distances pour atteindre une structure de santé.
Quels sont les symptômes de la rougeole ?
La rougeole se manifeste par un écoulement nasal, de la toux, une infection oculaire, une éruption cutanée et une forte fièvre. La rougeole peut entraîner des complications graves et potentiellement mortelles, notamment une diarrhée sévère, des infections des voies respiratoires telles que la pneumonie, la cécité ou encore l'encéphalite (inflammation du cerveau).
Comment la rougeole se transmet-t-elle ?
La rougeole est la maladie la plus contagieuse au monde, près de dix fois plus que la COVID-19.
La rougeole se propage lorsque les malades toussent ou éternuent, par le contact rapproché entre personnes ou par le contact direct avec des sécrétions nasales ou laryngées. Le virus reste actif et contagieux dans l’air ou sur les surfaces contaminées pendant deux heures. Les personnes malades peuvent transmettre le virus pendant les 4 jours qui précèdent l’apparition des symptômes et les 4 jours qui suivent.
Comment lutter contre la propagation du virus ?
La vaccination est le moyen le plus sûr pour prévenir la propagation du virus. Un vaccin peu coûteux existe depuis des années, offrant une protection de plusieurs dizaines d’années aux enfants. Pour atteindre une immunité collective, il faut que 95% des enfants aient bénéficié de deux doses de ce vaccin.
L’introduction de la deuxième dose dans le programme de vaccination de routine pour les enfants de 12 à 23 mois est prévue au deuxième semestre 2022 en RDC.
Existe-t-il un traitement ?
À ce jour, il n'existe pas de traitement antiviral spécifique pour la rougeole. Les soins consistent à isoler les patients et à les traiter en cas de complications. Dans la plupart de cas, les malades se rétablissent en deux ou trois semaines. La plupart des décès sont dus aux complications de la maladie et touchent les enfants de moins de 5 ans. Par ailleurs, les risques de mortalité sont exacerbés lorsque la rougeole est associée à d’autres pathologies telles que le paludisme et la malnutrition.