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Dr Bienvenue Finanga/ médecin urgentiste au Centre Hospitalier de Luyindu

Dr Bienvenue Finanga « La stigmatisation est un frein à la lutte contre le VIH »

Docteur Bienvenue Finanga est médecin aux urgences du centre hospitalier de Luyindu, à Kinshasa. Une structure de soins appuyée par MSF dans la prise en charge des patients vivant avec le VIH. Travailleuse de première ligne, elle témoigne de l’impact néfaste de la stigmatisation sur la lutte contre la maladie.

Dr Bienvenue Finanga/ médecin urgentiste au Centre Hospitalier de Luyindu
Dr Bienvenue Finanga/ médecin urgentiste au Centre Hospitalier de Luyindu. 
MSF/Charly Kasereka

Quelle a été la réaction de la population quand vous avez commencé à accueillir des patients vivant avec le VIH ?

Au début, cela n’a pas été facile ! Des patients avaient très peur et ne se présentaient plus à la consultation. Certains n’osaient même pas emprunter les mêmes couloirs. Nous avons donc renforcé la sensibilisation. Après quelques moments de turbulence, nous avons progressivement constaté que la salle d’attente se remplissait, jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau pleine comme avant.

Vu la stigmatisation qui entoure le VIH, comment annoncez-vous à un patient qu’il est séropositif ?    

Nous avons une équipe de psychologues et de médecins qui préparent cela ensemble. Chaque patient réagit différemment : certains sont plus choqués ou en panique que d’autres, et nous veillons à toujours avoir les mots justes, bien placés et dire la vérité en expliquant la façon de vivre avec cette maladie.

Au final, notre message passe bien : il est parfaitement possible de vivre avec le VIH, et même de le rendre indétectable en suivant scrupuleusement le traitement. Le patient arrive toujours à comprendre et à adhérer aux conseils que nous prodiguons.

L’accès au traitement est gratuit, mais l’un des problèmes ici, c’est la stigmatisation et la discrimination. La peur d’être stigmatisé entraîne des retards dans le dépistage et dans le traitement. Trop de jeunes, notamment, ont encore peur de se faire dépister. Et cela rend souvent la prise en charge très compliquée. Du coup, des patients qui pourraient être sauvés perdent la vie. C’est tragique.

Sentez-vous soutenue dans cette lutte aux côtés des patients ?

Au niveau médical, nous avons actuellement l’appui de MSF pour nous former aux techniques de prise en charge. Mais pour pérenniser ces acquis ici et ailleurs dans le pays, il est fondamental que d’autres acteurs s’impliquent à long terme, d’autres acteurs de la santé, les autorités du pays et la communauté, car il y a encore des embuches sur le chemin.

Outre ce volet médical, davantage de moyens financiers s’imposent aussi pour lutter contre la stigmatisation et la marginalisation des personnes vivant avec le VIH. On continue trop souvent à voir des patients être abandonnés par les familles. Le combat doit se mener sur ce front également, car la stigmatisation est un frein à la lutte contre le VIH.