Depuis la mi-février, une flambée de choléra est enregistrée dans la prison centrale de Goma. Plus de 140 cas suspects et deux décès ont été notifiés à ce jour dans cet établissement pénitentiaire en proie à une pénurie d’eau potable. Face à cette situation, Médecins Sans Frontières (MSF) appuie les autorités sanitaires locales pour tenter de limiter la propagation de la maladie.
« Depuis des semaines, les réservoirs en eau potable sont vides. Sans eau, pas de lavage des mains ; ce qui favorise la circulation des infections et les risques de contamination. »
À l’absence d’eau, s’ajoute la promiscuité. Construite initialement pour 150 personnes, la prison centrale de Goma accueille actuellement plus de 3000 détenus, dont des femmes et des enfants. Les conditions d’hygiènes précaires accroissent le risque de propagation des maladies d’origine hydrique, comme le choléra, au sein de la population carcérale.
« Nos infrastructures ne suffisent pas à couvrir les besoins d’une telle population. Les latrines débordent, les fosses septiques sont à ciel ouvert, sans compter la promiscuité dans les cellules », explique Marcellin Kamavu.
Afin d’améliorer les conditions d’hygiène, MSF a mis en place un système d’approvisionnement en eau potable, via des camions citernes, pour remplir les réservoirs de la prison, a installé des stations de lavage des mains et a distribué des kits d’hygiène à tous les détenus.
Par ailleurs, au cours du mois de mai 2022, MSF a appuyé les équipes du bureau central de la zone de santé de Karisimbi pour organiser une vaccination de masse au sein de la prison. Plus de 2800 détenus ont ainsi été vaccinés contre le choléra afin d’accroitre leur immunité contre la maladie. Médecins Sans Frontières a également réhabilité l’unité de traitement de choléra (UTC) et continue à soutenir le personnel de santé de la prison à travers l’approvisionnement en médicaments et matériel médical pour la prise en charge des malades.
« Grâce à la vaccination, nous enregistrons actuellement moins des cas dans l’unité de traitement de choléra de la prison. En l’espace de deux semaines, nous sommes passés de 48 à 12 patients à l’UTC. La présence régulière d’eau, les sensibilisations et l’accompagnement que nous offrons à l’équipe médicale ont également contribué à la réduction des cas », se réjouit Jean-Paul Kikwayabo, infirmier-superviseur de MSF à la prison centrale de Goma.
Médecins Sans Frontières est impliquée dans la lutte contre le choléra dans la ville de Goma et ses environs depuis 2008, et concentre ses efforts sur la prévention dans les aires de santé à haut risque (Buhimba, Sake, Kyeshero, Kiziba, Nzulo et Kasika) depuis 2020. Les équipes de MSF organisent également des activités de promotion de la santé et contribuent à la surveillance épidémiologique dans ces différentes aires de santé.