Depuis des mois, des milliers de familles fuyant les affrontements avec le M23 ont trouvé refuge dans des sites informels aux portes de Goma. Dès le début de l’intervention de MSF en juillet 2022, nous n’avons eu cesse d’alerter la communauté humanitaire sur les risques sanitaires liés aux conditions de vie dans ces sites et d’appeler à une réponse plus rapide et massive. Début décembre, cette situation s’est traduite par une hausse du nombre de patients souffrant du choléra que MSF a pris en charge dans ses structures de soins, avant qu’une vaccination de masse soit mise sur pied par les autorités et l’OMS.
Si la flambée de choléra a pu être maîtrisée dans les premières semaines de janvier, les cas suspects de rougeole ont, eux, commencé à augmenter. Une situation peu étonnante sachant que cette maladie est l’une des plus contagieuses au monde et que les conditions de promiscuité des enfants dans les sites de déplacés sont propices à une propagation rapide des cas. Au 10 février, plus de 200 enfants présentant les symptômes de la rougeole avaient déjà été soignés par MSF dans les centres de soins de Kanyaruchinya et Munigi. Trois semaines plus tard, près 900 cas avaient été notifiés dans la zone de santé de Nyiragongo dont plus des trois quarts avaient été pris en charge par nos équipes.
« Pour freiner la transmission de ce virus, nous avons lancé avec les autorités sanitaires une campagne de vaccination dans la zone de santé de Nyiragongo » explique Florence Denneulin, coordinatrice de l’intervention. « Il était urgent d’intervenir au plus vite pour éviter de nouveaux cas chez les enfants, dont beaucoup sont affaiblis du fait des conditions de précarité sur les sites ».
Lancée le 28 février, la campagne de vaccination vise à vacciner en cinq jours près de 100.000 enfants âgés de 6 mois à 10 ans dans 19 sites répartis dans les aires de santé de Kibati, Munigi et Kanyaruchinya, situées dans la zone de santé de Nyiragongo, là où vivent la majorité des personnes déplacées.
Sabrina, agricultrice, vit à Kanyaruchinya depuis deux mois, après avoir fui les affrontements armés dans le territoire de Rutshuru. Elle amène ce matin sa fille, Berenice, au site de Bushagara pour la protéger de cette maladie potentiellement mortelle.
« Ce vaccin va l’empêcher de tomber malade et lui permettra de rester longtemps en bonne santé. Il faut vraiment qu’un maximum de parents fassent vacciner leurs enfants », lance-t-elle, la carte de vaccination de sa fille à la main.
Dans d’autres zones de santé du Nord-Kivu, des cas de rougeole sont régulièrement notifiés et pris en charge par MSF, que ce soit à Bambo, Nyamilima, Kibirizi ou encore Masisi. Quand cela est possible, pour couper la chaîne de transmission, des campagnes de vaccination réactives sont organisées, en collaboration avec les autorités sanitaires.
« En RDC, la rougeole fait des ravages auprès des enfants en bas âge – principales victimes de la rougeole et constitue depuis des années la première raison d’intervention des équipes d’urgence de MSF. Mais en vaccinant régulièrement et rapidement quand des flambées de cas sont notifiées, alors nous pouvons limiter les dégâts » conclut Florence Denneulin.