Plus de 7000 familles déplacées vivent sur le site de Bulengo, au quartier dit « Lac vert », en périphérie ouest de la ville de Goma. Elles ont pour la plupart fui les affrontements armés survenus à Kitchanga et ses environs ces dernières semaines. Encore traumatisées par le déplacement et la violence, les conditions précaires qu’elles trouvent sur place les exposent à des risques de santé accrus.
Depuis le 05 février 2023, Médecins Sans Frontières (MSF) a mis en place un poste de santé à Bulengo pour assurer des soins médicaux gratuits aux personnes déplacées qui sont venues se réfugier sur ce site. Chaque jour, l’équipe de MSF y réalise une moyenne de 165 consultations. Parmi celles-ci, des victimes de violences sexuelles sont soignées quotidiennement.
Vulnérabilité exacerbée
En date du 26 février 2023, 156 patientes ont été prises en charge au sein de la clinique Tumaini dont 52 dans un délai de moins de 72 heures. Les autres victimes sont arrivées tardivement car ces différentes agressions se sont déroulées pendant leur fuite des zones de combats.
« J’ai quitté mon village pour me mettre à l’abri à Bulengo. Durant la fuite, des hommes armés nous ont arrêtées, ont pillé nos biens et nous ont conduites en brousse avant de nous violer », raconte une patiente d’une vingtaine d’années, encore sous le choc de l’agression. Comme elle, « ces victimes de violences sexuelles bénéficient de soins médicaux et d’un soutien psychologique dans notre clinique. Si les violences sexuelles existent en toutes circonstances, les conflits et les déplacements tendent à augmenter significativement les risques auxquels les femmes en particulier, sont confrontées », explique Amani Shamamba, infirmier superviseur pour MSF au sein de la clinique de Bulengo. De l’autre côté de la ville, à Munigi et Kanyaruchinya, les équipes de MSF font le même constat : la très grande majorité des victimes de violences sexuelles prises en charge dans ces aires de santé font partie des communautés déplacées.
Le risque de choléra, jamais très loin non plus
Les conditions de vie précaires, le manque d’hygiène et d’accès à l’eau sont des éléments propices à l’apparition et la propagation des maladies d’origine hydrique telles que le choléra. Et le site de Bulengo ne fait pas exception. Depuis l’ouverture de sa clinique à Bulengo, MSF a déjà pris en charge 52 cas suspects de choléra. « Je suis pris en charge dans le centre de traitement de choléra à Bulengo depuis une semaine. Tous les autres malades sont déjà sortis. Ma santé s’améliore progressivement et j’espère aussi sortir bientôt ! », rassure Réponse Kanaume, 18 ans, déplacé originaire de Kitchanga.
Pour réduire les risques de propagation du choléra, MSF fournit 91m3 d’eau potable par jour à travers sept points de distribution et est en train de construire 200 latrines, dont 120 sont déjà opérationnelles. A partir de mars, MSF procédera au pompage de l’eau du lac situé à environ 1km du camp pour assurer une livraison de 400m3 d’eau chaque jour. L’eau sera traitée sur place avant d’être distribuée aux habitants du camp.
Au mois de décembre 2022, les autorités locales avaient déclaré des épidémies de choléra respectivement dans le territoire de Nyiragongo et la zone de santé de Mweso, d’où viennent la plupart des déplacés de Bulengo. En plus des interventions d’urgence contre le choléra dans les camps des déplacés, MSF contribue à la surveillance épidémiologique de la maladie et mène des activités de promotion de la santé dans six aires de santé à haut risque (Buhimba, Sake, Nzulo, Kyeshero, Kiziba et Kasika) dans la ville de Goma. MSF appuie également les activités de prévention et de contrôle des infections dans six structures sanitaires dans les aires de santé précitées et a installé des distributeurs de chlore le long des sites de puisage d’eau dans la ville.