Après deux mois d’intervention contre le choléra, notre équipe d’urgence s’apprête à clôturer ses activités médicales. Depuis le 17 avril 2023, Médecins Sans Frontières (MSF) avait relancé une intervention pour contenir une deuxième flambée de la maladie qui sévissait dans les zones de santé de Kisanga, Kapemba, Mumbunda, Lubumbashi et Kenya. Jusqu’au 21 mai 2023, plus de 468 cas suspects avaient été notifiés.
« Ça fait 24 heures que je suis dans le centre ; je suis arrivé dans un mauvais état et très affaibli, à cause de la diarrhée et de vomissements. Je suis pour le moment sous traitement et je me sens de mieux en mieux », raconte Moseka Faustin, un patient sexagénaire, pris en charge au centre de traitement (CTC) de l’hôpital général de référence de la Kenya.
Ce jour-là, Faustin était l’un des rares patients soignés au CTC de la Kenya, réhabilité et géré par MSF. Tous les lits ou presque, étaient vides. Entre le 17 avril et le 21 mai, 189 patients y ont été admis. L’équipe appuie aussi les activités d’hygiène et assainissement au CTC Kenya et mène des activités communautaires dans la zone de santé de Kisanga, l’épicentre de l’épidémie. Cinq points de réhydratation orale y ont été installés et ont permis de soigner 278 patients.
« A ce jour, le nombre de patients hospitalisés a largement diminué, le taux de décès est proche de zéro, et ceux qui passent par les points de réhydratation orale sont soignés avant d’avoir des complications. Nous avons mis en place 20 points de chloration d’eau dans les zones de santé de Kisanga. Plus de 5732 mètres cubes d’eau destinée à la consommation ont été chlorés. Nos équipes communautaires sensibilisent également sur les mesures d’hygiènes pour prévenir la maladie », explique Grégoire Tshilongo, responsable des activités médicales dans la riposte choléra pour MSF à Lubumbashi.
C’est la deuxième fois en 2023 que la ville de Lubumbashi fait face au choléra. Lors de la première flambée en début d’année qui avait touché seulement la zone de santé de Katuba, l’équipe est intervenue du 11 février au 12 avril, dans la zone via la prise en charge des patients au CTC de la Kenya, la vaccination et autres activités communautaires. 113 patients avaient été soignés, près de 7000 personnes avaient reçu la première dose de vaccin contre le choléra. 1458 kits d’hygiènes ont été distribués aux familles et plus de 1600 ménages avaient été sensibilisés aux mesures d’hygiène.
« Le choléra est endémique à Lubumbashi. La majorité des zones de santé est confrontée à un faible taux d’hygiène et au manque d’eau potable. Les épidémies reviennent de façon répétitive. Pendant la saison de pluies, les eaux de ruissellement contenant les matières fécales contaminent les sources d’eau. L’épidémie peut aussi se déclarer pendant la saison sèche dans le contexte où la source d’eau principale peut être contaminée », explique Dr Grégoire.
D’une épidémie à une autre
Alors que l’épidémie de choléra est sous contrôle à Lubumbashi dans le Haut-Katanga, un autre foyer épidémique est signalé à Kiambi dans la province du Tangayika où plus de 170 cas ont été signalés depuis le 21 mai. Notre équipe s’est déjà désengagée du CTC de la Kenya, le processus de passation continue avec les autorités de Lubumbashi sur les autres activités afin de mettre le cap vers Kiambi.
« La collaboration avec les autorités sanitaires permet d’établir des plans de sortie afin d’identifier les défis pour que la zone se prépare. A Lubumbashi par exemple, nous allons assurer la donation de matériel et intrants pour une continuité d’activités après la clôture finale dans la zone de Kisanga. Nos radars sont tournés dans la zone de santé de Kiambi au Tanganyika où une équipe a été déjà dépêchée sur place pour entamer les opérations de riposte », conclut Aude Maillet, Coordinatrice du projet d’urgence de MSF dans le Grand-Katanga.