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Angumu hospital, DR Congo

Ituri : Des soins de santé pour la communauté et par la communauté à Angumu

Angumu, une région montagneuse de la province d'Ituri demeure difficile à accéder. Les quelques routes qui bordent la luxuriante forêt tropicale et les montagnes évoquent des lits de rivière asséchés, parsemée de profondes dépressions et de pierres branlantes ralentissant les mouvements pendant la saison des pluies, lorsque la boue rend plusieurs tronçons impraticables.

Depuis 2018, des violences ont éclaté dans les régions voisines et ont provoqué le déplacement de près de 80.000 personnes vers Angumu. Celles-ci ont trouvé refuge en périphérie des villages et le long des routes, multipliant l’érection spontanée de sites de déplacées, comptant chacun plusieurs milliers de personnes.

Approche communautaire à Angumu, RD Congo
Une section du site de déplacés d'Ugudo Zii - MSF travaille avec la communauté ici pour s'assurer que les soins de santé essentiels sont toujours fournis. RDC, août 2021.
Gabriele François Casini/MSF

« S’ils ne peuvent accéder à la santé, c’est la santé qui se donner les moyens d’accéder à eux. »

Frederic Manantsoa - chef de mission de MSF en RDC - se souvient du début de l'intervention :

« Dès notre première visite exploratoire, nous avons identifié une très forte prévalence du paludisme et des taux de mortalité pouvant atteindre 60%. Il était très difficile pour la population d'accéder aux services de santé nécessaires, car la région est isolée et montagneuse. Dès lors que la population n’était pas en mesure d'accéder aux structures de santé, il nous fallait trouver des solutions alternatives pour permettre aux services de santé de s’implanter durablement dans ces zones reculées. Pour cela, nous avons sollicité l’aide des communautés ».

Afin de le faire de manière durable, MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé, propose de construire une intervention fondée sur un l’engagement communautaire.

Infirmier et un patient « Ce projet se concentre sur une approche visant à créer une appropriation par la communauté de ses propres besoins de santé et des meilleures réponses à y apporter», explique Frédéric Manantsoa.
Hôpital d'Angumu, RD Congo

« La population est considérée comme un partenaire actif, non comme un bénéficiaire qui reçoit une aide. Ainsi, ils sont intégrés au partenariat entre MSF et les autorités sanitaires, et partagent la responsabilité du projet ».

Ce dispositif repose sur trois pivots. Le premier est constitué par les relais communautaires (RECO) dont le rôle est de sensibiliser aux bonnes pratiques d'hygiène, aux moyens de se prémunir contre les maladies telles que le paludisme et la diarrhée, aux comportements à adopter vis-à-vis des malades et à la façon dont fonctionnent les structures de santé. Les RECO sont les yeux et les oreilles de leurs communautés. Ils exercent une veille de l’évolution des besoins.

Approche communautaire à Angumu, RD Congo
Le promoteur de santé MSF Lambert anime une session de formation pour le comité de gestion du site de santé communautaire (COGESITE) dans le site de déplacés de Pajen - zone de santé d'Angumu
Gabriele François Casini/MSF

Si quelqu'un a besoin de soins, cette personne est encouragée à aller voir les relais de site de soins communautaires (RECOSITE), le second pivot de cette stratégie. Ils abritent des équipes formées à la prise en charge du paludisme, de la malnutrition et de la diarrhée, et peuvent ainsi prodiguer les premiers soins et administrer un traitement de base sur place, avant d’envisager référer les malades vers un centre de santé plus avancé si nécessaire.

Le troisième pivot consiste enfin en un comité de gestion des sites de santé (COGESITE). Ce comité coordonne les aspects pratiques et administratifs des sites de santé communautaires, tels que les heures de travail, les horaires et assure la gratuité des services. Les RECOs, RECOSITEs et membres des COGESITEs sont élus par leurs propres communautés pour remplir ces rôles importants. Ils sont formés, suivis et soutenus par MSF et le ministère de la Santé.

Actuellement, dans la région d'Angumu, MSF soutient 13 sites de santé communautaire, 7 centres de santé et l'hôpital général régional d'Angumu (HGR).

Hôpital d'Angumu "Au départ, nous avons été confrontés à un nombre élevé de cas graves, notamment de Paludisme, car les gens arrivaient à l'hôpital très malades", explique David Mahomou Nyankoye, responsable des activités infirmières pour MSF à Angumu.
Hôpital d'Angumu, RD Congo
"Aujourd’hui, la communauté a été sensibilisée et encourage les gens à aller se soigner au plus tôt. Ils se sont familiarisés avec ce réseau décentralisé de sites de santé communautaire que nous avons mis en place et sont davantage proactifs, avant que le stade de la maladie ne devienne avancé, et cela entraine une nette réduction de la mortalité".

Actuellement, le nombre de consultations effectuées dans les centres de santé communautaires est d'environ 7 000 par mois.

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