Nsele, une commune de la grande banlieue de Kinshasa, à l’est de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), est l’une des zones de santé touchées par une nouvelle flambée de cas de COVID-19 qui frappe la mégapole africaine. Entre la déclaration de l’épidémie en mars 2020 et le 27 juillet 2021, près de 48 000 cas ont été notifiés, dont 71.5% à Kinshasa. Plus de mille décès sont à déplorer.
Pourtant, les habitants de Nsele n’ont rien changé à leur rythme de vie, frénétique. Ils n’ont pas le choix : pour la plupart d’entre eux, l’accès aux soins de santé, payants, mais aussi à l’eau et à l’électricité est aléatoire. Les moyens de transport, collectifs en majorité, n’offrent pas l’espace nécessaire au respect des distances de protection. Les marchés, où les vendeurs se côtoient et se croisent sans cesse, s’invectivent et discutent, sont des lieux commerciaux essentiels à l’économie fragile de ces communautés. Difficile, dans cet environnement, de respecter les mesures barrières.
Située à plus de 35 km du centre-ville de Kinshasa, la commune de Nsele abrite plus de 530 000 habitants, répartis dans 15 aires de santé. Entre les deux, une seule route, la nationale 1, généralement encombrée, et un minimum de trois heures de transport dans un trafic dense.
Platini Mboma pense que l'éloignement de sa commune par rapport au centre-ville a retardé les efforts d'information sur cette maladie.
« On veut voir les agents de santé dans nos quartiers pour qu’ils nous en parlent. Manquer d’informations sur la COVID-19 nous fait courir des risques. »
Le refus d’y croire retarde l’accès aux soins
Le déni de la maladie, la non-observance de mesures barrières, le faible accès au dépistage et le peu d’adhésion à la vaccination sont des facteurs qui aggravent la vulnérabilité des habitants vis-à-vis de la COVID-19. Ce constat s’applique à Kinshasa en général et à la zone de santé de Nsele en particulier, en raison de son éloignement du centre urbain et des conditions de vie difficiles de sa population.
Médecins Sans Frontières a ainsi déclenché une intervention d’urgence pour appuyer les équipes médicales du Ministère de la Santé au sein de l’Hôpital général de référence (HGR) de Kinkole, qui abrite un centre de traitement COVID-19 (CTCO).
Docteur Richa Nsuela est la coordinatrice adjointe de ce CTCO, d’une capacité de 30 lits ; si 68 patients ont été pris en charge depuis mars 2020 dans son établissement, celui-ci a été particulièrement sollicité depuis la nouvelle flambée de l’épidémie début juin : un tiers du total des patients COVID19 admis dans ce CTCO l’a été entre le 20 juin et le 5 juillet.
Tous les jours, elle constate le déni de l'existence de la maladie et la difficulté pour ses patients de s'en protéger. « Les gens qui vivent ici n’ont pas l’habitude de mettre un masque ou de se laver régulièrement les mains », explique-t-elle.
Désormais, MSF accompagne l’équipe soignante du CTCO de Nsele dans ses efforts pour améliorer l’accès aux soins ; réduire les délais de diagnostic et de prise en charge ; faire accepter la vaccination et promouvoir les services offerts par le CTCO. L’organisation médicale appuie la prise en charge médicale des patients modérés en ambulatoire et à l’hôpital, y compris le volet psychologique. Les patients présentant un tableau sévère sont référés vers des structures adaptées telle que les Cliniques Universitaires de Kinshasa. Des formations sont dispensées au personnel soignant ; des intrants médicaux et de l’oxygénothérapie sont fournis ainsi que de l’information publique sur les services offerts et les mesures de prévention – y compris la vaccination.
Enfin, MSF soutient six centres de santé dans six aires de santé urbaines de Nsele afin d’y renforcer le dépistage et la prise en charge de cas légers ainsi que le transfert rapide des cas plus sévères et la promotion de la vaccination du personnel soignant.
«Il faut mettre fin à la chaine de contamination» estime, le docteur Richa Nsuela. « Je crois qu’on peut y arriver avec beaucoup plus d’engagement communautaire. Avec cette troisième vague, on a constaté un changement timide dans la perception de la maladie."
" Certains patients commencent à arriver seul au moindre symptôme, c’est une bonne chose. »