Depuis janvier 2023, Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un nouveau projet de renforcement d’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap dans la ville de Kinshasa. Plus de 1000 patients ont déjà été soignés depuis le début des activités qui ciblent tout type de handicap (physique, personnes malvoyantes, malentendantes, les albinos, les personnes de petite taille ou encore celles touchées par un handicap mental, psychique ou souffrant d’autisme).
« Nous avons choisi d’intervenir auprès des personnes en situation de handicap car elles sont souvent marginalisées, stigmatisées, discriminées et exclues des soins. A cause de leur handicap, elles ne trouvent pas de travail adapté pour subvenir à leurs besoins. C’est pour cela que nous avons voulu contribuer à améliorer leurs conditions de vie. Nos interventions portent sur trois piliers. Le premier est axé sur l’accès aux soins dans les structures de santé. Le deuxième est relatif à l’amélioration des conditions d’hygiène dans les sites d’hébergement. Le troisième pilier concerne la mise en place d’activités communautaires avec un focus sur la promotion de la santé qui intègre les spécificités liées à la problématique des personnes en situation de handicap. En outre, nous sensibilisons d’autres acteurs à cette problématique pour les inciter à intervenir également », explique Dago Inagbe, Chef de mission MSF à Kinshasa.
Sur le terrain, les équipes de MSF appuient le centre hospitalier pour aveugles de Mont-Ngafula et le centre de santé de Vijana pour faciliter l’accès aux soins à cette catégorie de patients. Depuis le début des activités, des patients ont été pris en charge notamment pour des cas de paludisme, fièvre typhoïde ou encore des infections urino-génitales. Les personnes présentant des maladies chroniques comme l'hypertension artérielle ou le diabète sont également traitées et bénéficient d’un suivi adapté.
« Nous appuyons les structures de santé pour offrir des soins de santé primaires et secondaires. Nous formons les personnels du ministère de la santé et les avons équipés pour mettre en œuvre ces activités. Nous avons également rendu accessibles ces deux structures à toute forme de handicap en adaptant le circuit des patients, les installations sanitaires, les salles d’attentes et les salles de consultation notamment pour proposer un support psychologique. Enfin, nous avons mis à disposition des interprètes en langues de signes pour faciliter les consultations des personnes sourdes ou mal entendantes », poursuit Dago Inagbe.
En plus du soutien à ces deux structures de santé, MSF organise aussi des cliniques mobiles dans un site d’hébergement collectif pour les personnes en situation de handicap, leur proches ainsi que d’autres personnes riveraines en situation d’urgence. En cas de complications, MSF réfère les patients vers d’autres structures médicales spécialisées et en assure leur prise en charge intégrale.
« Ce service nous aide parce que nous n'avons pas les moyens financiers pour nous rendre dans des structures spécialisées. Nous n’avons plus à parcourir de longues distances pour bénéficier des soins de santé et en plus ils sont gratuits », raconte Prisca Nzunzi, une patiente qui vit au centre de Limete.
« Nous survivons quotidiennement : comme nous n’avons pas d’emploi, nous mendions pour payer notre loyer et pour nous nourrir. La plupart des infrastructures ne sont pas adaptées à notre handicap ainsi que les transports publics. Quant à l’accès aux soins de santé, c’est très compliqué. Tout est payant alors que nous n’avons rien et que les soins devraient être gratuits car je suis handicapé », explique Jacques Bagira, un patient sexagénaire, rencontré au centre hospitalier pour aveugles de Mont Ngafula.
« Ça fait un mois que je suis venu ici pour bénéficier des premiers soins suite à une crise liée à l’hypertension artérielle et ils m’ont bien soigné et gratuitement. Aujourd’hui, je suis venu pour un contrôle et les résultats sont positifs. Le personnel soignant dans ce centre a une grande considération vis-à-vis des personnes handicapées et donc je me sens en confiance », renchérit Jacques Bagira.
Des interventions communautaires dans les sites d’hébergement
Les personnes en situation de handicap vivent dans des conditions précaires et généralement dans des sites d’hébergement collectifs, souvent surpeuplés. Les conditions de vie insalubres dans ces sites les exposent à certaines maladies liées au manque d’hygiène.
En termes d’impact, nous pensons renforcer l’utilisation de ces services de soins par les personnes en situation de handicap et réduire considérablement la morbi mortalité de certaines maladies chez cette catégorie de personnesDago Inagbe, Chef de mission MSF à Kinshasa
En plus des activités médicales, les équipes MSF sont intervenues également dans la réhabilitation de 9 sites hébergements collectifs. Au total 38 douches, 34 latrines, des points d’eau ont été mis en place ; certaines toitures ont également été refaites. 200 tonnes de déchets ont été vidées et 300.000 litres ont été évacués des fosses septiques.
En parallèle, des agents de promotion de la santé sensibilisent ces personnes afin qu’elles puissent mieux se prévenir et se protéger des maladies liées à l’hygiène.
« En termes d’impact, nous pensons renforcer l’utilisation de ces services de soins par les personnes en situation d’handicap et réduire considérablement la morbi mortalité de certaines maladies chez cette catégorie de personnes », conclut Dago Inagbe.