Tout au long de l’année 2022, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec les autorités sanitaires du pays, ont été mobilisées pour fournir des soins médicaux gratuits aux communautés les plus vulnérables et répondre aux nombreuses urgences en République Démocratique du Congo (RDC) : épidémies de rougeole et de choléra, maladie à virus Ebola, déplacements de populations, violences, inondations, etc.
Voici une sélection de photos qui illustre les interventions de MSF en réponse aux différentes crises sanitaires et humanitaires qu’a connues la RDC en 2022 :
Le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, est régulièrement en proie à la violence depuis 2017 et la résurgence de conflits armés sur fond de tensions communautaires.
En 2022, MSF a supporté les soins et référencements de plus d’une centaine de blessés à la suite d’affrontements armés dans cette province, notamment à la suite d’attaques contre des sites de déplacés. Ces actes de violence répétés constituent des violations du droit international humanitaire et contribuent à détériorer la situation pour la population de la zone.
La malnutrition reste l’un des problèmes majeurs de santé publique dans plusieurs provinces de la RDC. Dans la zone de santé de Salamabila, dans la province du Maniema, pour réduire le taux de morbidité lié à la malnutrition, MSF a formé 112 relais communautaires préventifs et curatifs pour détecter les cas de malnutrition suffisamment tôt.
Le bracelet de mesure du périmètre brachial permet aux parents, avec l'assistance des relais, de surveiller l'état nutritionnel de leurs enfants. Si nécessaire, les relais peuvent référer les cas graves vers des structures de santé pour une prise en charge plus avancée.
À Ramba, dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, environ 180 ménages ont perdu leurs maisons durant des fortes pluies qui se sont abattues sur la cité début février 2022.
L’équipe de MSF a immédiatement apporté une réponse logistique afin prévenir les risques des maladies comme les infections respiratoires aigües, le paludisme et les maladies diarrhéiques. Chaque famille affectée a reçu un kit contenant des ustensiles de cuisine, des couvertures, des pagnes, des bâches, des moustiquaires imprégnées d’insecticide et quelques vêtements, afin que les familles puissent retrouver un minimum de vie et d’hygiène.
La reprise des affrontements entre le M23 et l'armée congolaise en 2022 a aggravé une situation déjà précaire pour les habitants du territoire de Rutshuru, premières victimes des conflits armés et de l'insécurité dans cette région depuis plus de deux décennies. À l’hôpital général de Rutshuru, nos équipes appuient les services de chirurgie, de soins intensifs, des urgences et l’unité nutritionnelle thérapeutique intensive. MSF offre également une prise en charge médicale et psychologique aux survivant(e)s de violences sexuelles.
Durant deux mois, entre le 25 avril et le 25 juin 2022, MSF a appuyé les autorités sanitaires dans la riposte contre la 14ème épidémie de la maladie à virus Ebola dans la province de l’Equateur. Outre la prise en charge de 42 patients suspects et 1 cas confirmé, et de la formation de 40 personnels de première ligne, MSF a également réhabilité le Centre de Traitement de Wangata et fait de dons de médicaments et matériels à 5 structures d’isolement et de prise en charge.
Dans la zone de santé de Bangabola, au Sud-Ubangi, MSF est intervenue entre le mois de mai et de juin 2022 aux côtés des autorités sanitaires afin couper la chaine de transmission de la rougeole grâce à une campagne de vaccination réactive qui a permis de vacciner plus de 33 600 enfants de 6 à 59 mois.
Dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, les longs trajets à parcourir sur les hauts plateaux et les capacités limitées des structures de santé favorisent les accouchements à domicile. Au mois de juillet 2022, MSF a inauguré un nouveau bâtiment pour la maternité à Mushunguti qui propose ses services à plus de 2000 femmes dans 24 villages environnants. À une dizaine de kilomètres de cette maternité, une maison d’accueil héberge les femmes présentant des grossesses à risque, quelques jours avant leur accouchement, où elles sont prises en charge par des spécialistes.
Le paludisme demeure le plus grand tueur en RDC avec près de 20 millions de cas enregistrés chaque année. Dans les zones rurales où l’accès aux soins est limité, les populations sont davantage exposées aux décès dus à cette maladie.
Afin de lutter contre la prolifération des moustiques dans la zone de santé d’Angumu, en Ituri, MSF a organisé, en étroite collaboration avec les autorités et les communautés, deux actions de prévention de grande ampleur : la pulvérisation d’insecticide intra-domiciliaire et des distributions de masse de médicaments antipaludiques.
A partir de juillet 2022, des tensions intercommunautaires ont éclaté à Kwamouth, dans la province du Mai-Ndombe, entraînant une explosion de violences dans cette zone proche de Kinshasa. Des maisons ont été incendiées, de nombreux habitants tués ou blessés, et cela a entraîné le déplacement de plusieurs milliers de personnes.
Une première équipe médicale de MSF a été déployée à Kwamouth le 24 août. En seulement trois semaines, plus de 750 consultations médicales ont été réalisées, une dizaine de blessés ont été transférés à Kinshasa pour des soins d’urgence et 25 personnes ont bénéficié d’une prise en charge psychologique en raison du traumatisme lié à la violence.
En 2022, les équipes de MSF ont organisé 16 campagnes de vaccination contre la rougeole dans les provinces du Haut-Katanga, Haut-Lomami, Lualaba et Tanganyika. Plus de 700 000 enfants ont été vaccinés contre la rougeole et 2 000 souffrants de la forme grave de la maladie ont été pris en charge gratuitement dans les différentes structures sanitaires appuyées par MSF dans ces provinces.
Il arrive aux équipes de faire quatre jours de trajet pour vacciner dans certains villages. Cela représente un grand défi logistique pour maintenir les vaccins au froid dans ces contrées éloignées des grandes agglomérations. Ces difficultés augmentent pendant les périodes pluvieuses quand les routes deviennent impraticables.
En 2002, les équipes de MSF ouvraient à Kinshasa le premier centre de traitement ambulatoire offrant une prise en charge gratuite aux personnes vivant avec le VIH en RDC. Vingt ans plus tard, si des progrès considérables ont été enregistrés dans le pays, des lacunes majeures subsistent encore dans l’accès au dépistage et au traitement, causant encore des décès évitables. En 2022, MSF a appuyé la prise en charge du VIH/SIDA à Kinshasa et dans 6 provinces de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Ituri, Kasaï Oriental et Kongo Central).
Depuis novembre 2022, MSF intervient aux côtés du Ministère de la Santé pour renforcer la prise en charge des enfants malnutris dans trois zones de santé dans les provinces de la Tshopo et du Haut-Uélé.
En seulement un mois, les équipes de MSF ont pris en charge plus de 120 enfants malnutris sévères et modérés de moins de 5 ans dans le centre de santé de Bopepe, dans la zone de santé de Banalia (Tshopo). Dans les zones de santé d’Isiro et Niagara (Haut-Uélé), où MSF appuie sept autres centres de santé, plus de 105 enfants malnutris sévères et modérés qui ont été traités en seulement deux semaines. Cette intervention d’urgence est prévue jusque fin janvier 2023.
Le manque, voire l’absence d’intrants nutritionnels disponibles dans les structures de santé pour prendre en charge les enfants malnutris est un des défis majeurs que nos équipes constatent sur le terrain.
MSF a ouvert un centre de traitement du choléra à Munigi, en territoire de Nyiragongo, le 26 novembre. En près d’un mois, soit entre le 26 novembre et le 20 décembre, 1 085 patients ont été admis dans le centre de traitement de choléra mis sur pied par MSF à Munigi, dont un tiers étaient des enfants de moins cinq ans.
Depuis fin octobre, des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats dans le territoire de Rutshuru ont rejoint celles déjà présentes depuis des mois dans les sites de déplacés de Nyiragongo. Ces familles manquent de tout : certaines personnes continuent de dormir à même le sol. Les infrastructures sanitaires, notamment les toilettes et les douches, à proximité des sites de déplacés restent également largement insuffisantes.
A Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, MSF mène un projet spécialisé dans la prise en charge des violences sexuelles depuis 2017. Le 31 décembre 2022, MSF s’est retiré du centre de prise en charge des violences sexuelles de l’Hôpital Provincial de Référence de Kananga et a transféré la gestion aux autorités sanitaires.
En 2023, l’équipe de MSF reste en appui à trois centres de santé au Kasaï Central afin de favoriser la décentralisation des soins pour les victimes de violences sexuelles. Nos équipes continuent également à fournir une prise en charge médicale et psychologique gratuite pour les survivant(e)s de violences sexuelles dans 4 autres provinces de la RDC, à savoir l’Ituri, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema.