À la suite des récents combats dans la zone de santé de Kibirizi au centre de la province du Nord-Kivu, la population a été contrainte de fuir vers le nord pour se mettre à l’abri, principalement dans les localités de Kayna, Kirumba et Kanyabayonga. Selon les données collectées par le comité des déplacés et les évaluations menées par les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), plus de 150 000 personnes auraient trouvé refuge en quelques jours dans ce territoire, vivant dans le dénuement le plus total, où très peu d’ONG sont présentes. Même si l’accès à la zone est très limité avec les vols humanitaires qui sont suspendus, MSF appelle les acteurs humanitaires à se mobiliser dans les plus brefs délais avant que la situation s’aggrave davantage.
« 87 000 personnes déplacées étaient déjà réfugiées dans la zone de santé de Kibirizi avant de fuir à nouveau. Durant ces six derniers mois, ces familles n’ont reçu aucune assistance médicale et humanitaire, ce qui a des conséquences sur leur état de santé : les cas de malnutrition augmentent chez les enfants et les adultes. Ces personnes manquent de biens de première nécessité et principalement de nourriture. La plupart des personnes déplacées sont hébergées au sein de la communauté qui elle-même subit les effets de la crise », explique Caroline Seguin, coordinatrice des opérations d’urgence pour MSF au Nord-Kivu.
Avant ces nouvelles arrivées, la situation était aussi précaire pour la population hôte, notamment en termes d'accès aux soins.
« La majorité des structures de santé sont vides : aucun médicament et très peu de patients puisque les soins sont payants et que les habitants n’ont pas les moyens de se soigner. Or, les besoins sanitaires sont immenses, à un moment où les cas de rougeole et de malnutrition augmentent »poursuit Caroline Seguin.
Pour répondre à cette situation d’urgence, les équipes de MSF vont soutenir plusieurs structures de santé dans la zone de santé de Kayna, en fournissant notamment des médicaments et en permettant à la population déplacée et autochtone d’avoir accès à des consultations médicales gratuites.
« Vu l’ampleur des besoins, notre aide ne suffira pas. Aujourd’hui, nous appelons l’ensemble des acteurs humanitaires à se mobiliser pour organiser l’acheminement de l’aide à cette population en détresse. Depuis le mois d’octobre 2022, ces familles ont dû pour la plupart se déplacer plusieurs fois et sont aujourd’hui complètement épuisées, moralement et physiquement. Actuellement toute l’aide à destination du Nord-Kivu est focalisée sur Goma, mais pour les habitants et les déplacés des zones reculées, notamment dans le territoire sud de Lubero et la zone de santé de Kibirizi, ces familles restent livrées à elles-mêmes et ne reçoivent aucune aide »,conclut Caroline Seguin.
Depuis un an et la reprise des affrontements, les équipes de MSF interviennent pour répondre aux besoins sanitaires des populations déplacées et hôte que ce soit à Rutshuru, Mweso, Kanyaruchinya, Munigi, Bulengo et Sake. Les équipes MSF constatent une lenteur difficilement explicable dans la réponse humanitaire marquée par un manque de coordination et ce malgré des financements disponibles et la présence de très nombreuses organisations à Goma, la capitale provinciale. Il est plus que jamais urgent d’apporter de l’aide à la hauteur des besoins des populations impactées par ce conflit.