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Malnutrition à Kyeshero

Nord-Kivu : MSF soutient l’hôpital de Kyeshero face au besoin à l’augmentation des cas de la malnutrition grave

À Goma dans le Nord-Kivu, l’hôpital de Kyeshero soutenu par Médecins Sans Frontières reçoit les patients atteints de malnutrition aigüe modérée et aigüe sévère présentant des complications. D’une capacité initiale de 40 lits et destinée à accueillir les jeunes malades âgés de six à 59 mois, l’unité nutritionnelle de cette structure compte aujourd’hui 60 lits en réponse à un besoin croissant de prise en charge.

En février 2024, un regain de violence dans les conflits armés autour de la cité de Sake a causé la fuite soudaine de dizaines de milliers de personnes en direction de la capitale du Nord-Kivu. La plupart se sont installées en périphérie de la ville. À ces camps saturés se sont rapidement ajoutés des sites informels que les vagues successives de déplacements ont fait grandir, simultanément à la multiplication des combats. Désormais enclavée entre le lac, la frontière rwandaise et les lignes de fronts, la ville de Goma abrite entre 600 000 et 1 million de personnes déplacées auxquelles s'ajoutent deux millions d’habitants.

Plusieurs de ces personnes sont arrivées affaiblies, sans ressources et vivent dans des abris de fortune sans accès adéquat à l’eau, à l’hygiène et à la nourriture. Cette situation les expose à une insécurité alimentaire et aux maladies. Des cas de malnutrition sont notifiés dans ces différents camps et sites informels. C’est le cas de Shabindu et Elohim où MSF dispose d’unités ambulatoires pour la prise en charge de la malnutrition simple. Les cas compliqués sont référés notamment à l’hôpital de Kyeshero pour des soins appropriés.

À l’hôpital de Kyeshero, une prise en charge adéquate à l’unité nutritionnelle

Alice Furaha a fui les affrontements dans le territoire de Masisi pour trouver refuge à Rusayo, l’un des camps à proximité de Goma. Elle assure la garde de son fils d’à peine sept mois, atteint de la malnutrition aigüe sévère et interné à l’hôpital de Kyeshero. « Il a frôlé la mort. Je l’ai emmené à la clinique de MSF dans le camp de Rusayo. L’équipe médicale nous a référés ici. Pour le moment, mon bébé boit du lait et reste sous perfusion pour récupérer sa santé ».

Face à une nette hausse des référencements de jeunes patients, MSF a augmenté de moitié sa capacité d’accueil à l’unité de traitement de la malnutrition. A ce jour, la ville de Goma totalise 130 lits pour la prise en charge des cas compliqués de la malnutrition parmi lesquels 60 sont gérés par MSF à l’hôpital de Kyeshero. Les cas de malnutrition aiguë modérée et malnutrition aigüe sévères y sont soignés. Ces derniers se subdivisent en trois catégories ; les cas de marasme (sous-nutrition persistante de longue durée), les cas Kwashiorkor (patient présentant des œdèmes) et les cas mixtes (combinant ces deux).

Alors que la moyenne de mortalité était de 3,7 % des cas pris en charge ces 12 derniers mois, pour une moyenne de 103 admissions par mois, une augmentation a récemment été observée. De janvier dernier à ce jour, ce taux de mortalité s’est élevé, se rapprochant désormais de 5% pour une augmentation des admissions de 124 par mois en moyenne sur la période.

Depuis janvier 2024, 40 patients sont décédés de malnutrition à l’hôpital de Kyeshero. Plusieurs facteurs expliquent ces décès dont le référencement tardif mais également les recours aux remèdes indigènes.

« Les réadmissions sont fréquentes. Les mêmes enfants peuvent revenir trois semaines plus tard dans un état de malnutrition aigüe sévère. Mais, lors de la phase de traitement ambulatoire, quand ils retournent à la maison, les plumpynuts sont souvent partagés avec les autres enfants du foyer », explique la docteure Sally Pearson responsable des activités médicales du projet d’urgence MSF à Goma.

Les conditions précaires dans les camps, facteurs aggravants de la situation nutritionnelle

La malnutrition affecte les individus qui rencontrent des difficultés d’accès régulier et suffisant à une alimentation diversifiée. L’absence d’une alimentation de qualité et à disposition dans une quantité proportionnelle aux besoins des populations déplacées reste un problème quotidien. Ces dernières font face aux graves difficultés économiques ne permettant pas l’achat des produits alimentaires vendus en ville dont le coût continue d’augmenter depuis le début de la guerre. À cela s’ajoute l’isolement géographique des camps de déplacés et les sols de lave durcie sur lesquels les populations déplacées sont contraintes de s’installer, faute d’alternatives. Loin de leurs champs et sans accès à une terre arable, ce sont des centaines de milliers de personnes qui se trouvent privées de la possibilité de cultiver la terre.

Les mères qui accompagnent les jeunes patients à l’hôpital n’ont pas accès à la nourriture distribuée par l’aide humanitaire dans les camps puisqu’elles restent au chevet de leurs enfants. Une telle situation risque d’entrainer une aggravation de la santé des familles dont seul un parent a la charge.

“Ma petite a été transférée ici, à l’hôpital de Kyeshero et y a reçu des soins appropriés. Pour être à ses côtés j’ai dû laisser mes autres enfants seuls dans le camp. J’ai hâte que mon bébé soit guéri, que nous puissions quitter l’hôpital et rejoindre ses frères et sœurs.” confie Odette Maniriho, maman de la petite Feza, soignée pour malnutrition aigüe sévère.

Pour résoudre ce problème, des alternatives doivent être trouvées. MSF a déjà mis en place un service de cantine pour assurer la restauration des accompagnant.es durant la prise en charge des jeunes malades. Mais cela ne suffit pas.