Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec le Ministère de la Santé, vient d’achever une campagne de vaccination multi-antigène visant à protéger des dizaines de milliers d'enfants, y compris ceux qui ont été déplacés par les récentes violences dans le Nord-Kivu.
Entre juillet et octobre 2023, les équipes de MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé, ont vacciné quelque 35 000 enfants de moins de cinq ans avec huit vaccins contre 11 maladies, dont la diphtérie, l'hépatite, la coqueluche, la pneumonie, la poliomyélite et la rougeole. La campagne s'est déroulée sur 16 sites de vaccination dans les camps de déplacés de Bulengo, Lushagala, Shabindu et Rusayo à Goma, où MSF intervient, et a ciblé à la fois les déplacés et les communautés d'accueil.
« Normalement, les enfants doivent recevoir ces vaccins avant l'âge de 11 mois, mais la situation au Nord-Kivu rend extrêmement difficile le maintien des activités de vaccination de routine », explique le Dr Colette Badjo, coordinatrice médicale de MSF.
« A cause des difficultés d’accès géographique ou sécuritaire, les agents de santé peinent à atteindre certains villages isolés avec des vaccins pour lesquels la chaîne de froid a été correctement maintenue. Mais aussi, pour les parents qui souhaitent vacciner leurs enfants, même s'ils peuvent payer les frais de transport et de consultation, et même s'ils parviennent à trouver un centre de santé en état de marche, il n'y a souvent pas de personnel de santé ou plus de vaccins ».
Tous ces facteurs ont été aggravés par la pandémie de COVID-19. L'Organisation Mondiale de la Santé a constaté que le taux de couverture vaccinale des enfants en RDC était le plus bas depuis environ 30 ans. Avec les récents déplacements de population, la couverture vaccinale des enfants de moins de cinq ans va sans doute encore diminuer.
Les enfants qui vivent dans les camps de déplacés sont extrêmement vulnérables face aux maladies, d'autant plus que leurs conditions de vie sont très précaires : manque d’hygiène, d'eau et de nourriture, surpopulation, le tout dans un contexte où il y a régulièrement de nouvelles arrivées.
« En collaboration avec le ministère de la Santé, nous avons décidé d'organiser une campagne de vaccination de rattrapage pour les enfants âgés jusqu’à 59 mois dans quatre des sites où les équipes de MSF interviennent. Notre objectif était de réduire le nombre d'enfants " zéro dose ", c’est-à-dire le nombre de ceux qui n’avaient reçu aucun vaccin en-dehors de celui contre la tuberculose reçu immédiatement après un accouchement médicalisé et d'augmenter rapidement le niveau d'immunité contre les maladies évitables par la vaccination dans un contexte où les enfants sont très vulnérables. Nous ne nous attendons pas à mettre fin aux épidémies dans les camps, mais nous espérons voir diminuer le nombre de maladies et de décès d'enfants de moins de cinq ans », conclut le Dr Colette Badjo.
Dans d'autres provinces de la RDC, les équipes MSF organisent régulièrement des campagnes de vaccination multi-antigène en collaboration avec le ministère de la Santé, comme récemment dans la province de la Tshopo.
Les équipes MSF ont travaillé dans 12 camps de déplacés autour de la ville de Goma, fournissant des soins médicaux gratuits, de l'eau potable et construisant des latrines et des douches en fonction des besoins les plus urgents. Nos équipes ont également répondu aux épidémies de choléra et de rougeole qui ont touché certains camps en soignant les patients et en organisant des campagnes de vaccination. Au Nord-Kivu, nous continuons à fournir des soins médicaux essentiels gratuits dans les zones de santé de Rutshuru, Kibirizi, Bambo, Binza, Mweso, Masisi et Walikale.