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Campagne de vaccination multi antigène à Goma
Parmi les vaccins administrés figuraient ceux contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, la pneumonie, la méningite, les maladies diarrhéiques, ainsi que la fièvre jaune.
© MSF

Rougeole à Kasongo : MSF en appui au ministère de la santé pour lutter contre la maladie dangereuse pour les enfants

Parmi les vaccins administrés figuraient ceux contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, la pneumonie, la méningite, les maladies diarrhéiques, ainsi que la fièvre jaune.
© MSF

En octobre 2024, une forte augmentation des cas de rougeole est signalée dans la zone de santé de Kasongo, en province du Maniema. En réponse à cette flambée, Médecins Sans Frontières (MSF) en collaboration avec le ministère de la santé a lancé une campagne de vaccination dans 21 aires de santé entre décembre 2024 et février 2025. Plus de 40 000 enfants de moins de cinq ans ont été vaccinés contre la rougeole, parmi eux, 10 708 ont reçu des doses de rattrapage contre la coqueluche et la pneumonie.

La première notification de cas suspects de rougeole dans la zone de santé de Kasongo a commencé en mai 2024 ; d’abord de façon sporadique, puis une explosion de cas a commencé à s’observer en octobre 2024, les enfants de moins de 5 ans étant principalement les plus affectés. Près de 90 décès liés à la rougeole ont également été notifiés avant l’arrivée des équipes MSF. Selon les autorités sanitaires de la zone, la majorité des décès étaient communautaires, car plusieurs patients ne se rendaient pas dans les structures de soins. Pour la plupart, les soins étaient coûteux, de plus les structures ne disposaient pas des intrants nécessaires pour une prise en charge adéquate. La majeure partie des notifications de cas étaient communiqués par des leaders communautaires aux équipes MSF à leur arrivée dans la zone. La zone de santé de Kasongo est proche des zones de santé de Kabambare, Kunda, Kampene, Salamabila et Lusangi, qui connaissent également des épidémies récurrentes de rougeole. De plus, les conflits armés dans la région entraînent régulièrement des mouvements de population, tout en perturbant le suivi du calendrier vaccinal des enfants et augmentent ainsi leur vulnérabilité. « Une couverture vaccinale supérieure à 85 % est nécessaire pour assurer une protection efficace », explique Justin Bazibuhe, épidémiologiste chez MSF pour le Sud Kivu et le Maniema, « les activités de vaccination de routine ont été interrompues fin 2023 dans certaines parties de la zone de santé à cause des affrontements armés, et il n’y a pas eu de séances de rattrapage pour les enfants non vaccinés, jusqu’à la déclaration de cette flambée de rougeole. De plus, par ignorance, beaucoup de parents ne perçoivent pas l’importance de vacciner leurs enfants lorsqu’ils sont en bonne santé. »

Un accès difficile aux soins de santé 

Comme dans de nombreuses autres zones de santé de la province de Maniema, les structures de santé de Kasongo reçoivent très peu, voire aucune aide de la part des partenaires humanitaires. La conséquence est que les structures de santé doivent s'autofinancer et fixent le coût d’une consultation entre 1 500 et 5 000 francs congolais (1,7 $) selon le standard d’une structure de santé. Une somme relativement élevée pour une population dont le revenu moyen en 2024 est estimé à moins de 2 dollars par jour, par personne, selon la Banque mondiale. « Ce tarif n'inclut pas l'achat des médicaments nécessaires à une prise en charge complète. Les patients doivent payer une somme supplémentaire, et ces médicaments ne sont parfois pas disponibles dans les pharmacies du village. Tous ces facteurs poussent de nombreux parents à recourir d’abord aux soins traditionnels pour finalement revenir vers le traitement dans une structure lorsque le patient s’affaiblie ou présente des complications », explique le Dr Lucien Ndadi, responsable médical de l’unité de réponses aux urgences et de surveillance au Congo (RUSC).

Un appui pour soulager la population 

Pendant plus de 95 jours, les équipes d’urgence sont intervenues : dans un premier temps pour la prise en charge des patients atteints de rougeole pour réduire le nombre de décès, puis pour la vaccination afin de couper la chaine de transmission. Au total, 4099 enfants ont été soignés de la rougeole. Parmi eux, 894 personnes ont été hospitalisées dans des centres d’isolement situés dans trois structures de santé, par suite de complications de cette maladie : l’hôpital général de référence de Kasongo et les centres de santé de référence de Lububula et Kankumba. 

La campagne de vaccination a été menée dans les 21 aires de santé de la zone. Durant une trentaine de jours, plus de 40 000 enfants ont été vaccinés contre la rougeole. « Nous avons adapté notre stratégie aux habitudes de la population. En plus des six sites fixes de vaccination, les équipes n’ont pas hésité à faire du porte-à-porte pour vacciner le plus d’enfants possible », explique le Dr Lucien Ndadi. 

Sur une cible estimative de 49 790 enfants, les équipes ont réussi à vacciner un total de 43 210 enfants de moins de cinq ans contre la rougeole. « La campagne s’est bien déroulée car nous avons atteint la population voulue. Nous ne sommes pas à l’abri qu’une nouvelle épidémie survienne dans le futur, mais présentement, les enfants sont immunisés contre la forme grave de la rougeole » affirme le Dr Lucien. 

La province de Maniema est isolée de l’aide humanitaire, les équipes MSF estiment que l’accès des populations aux soins, reste problématique et la réponse humanitaire est insuffisante. Dans la zone de santé de Salamabila où MSF intervient depuis 2019 ; une épidémie de rougeole est toujours en cours. La capacité de réponse est souvent retardée par l’accès aux vaccins et autres intrants nécessaires pour une réponse adaptée. Cet isolement est aggravé par la dégradation de la situation sécuritaire dans l'est du pays, qui limite l'accès physique à la province, tandis que la crise des financements humanitaires réduit encore davantage le nombre d'acteurs humanitaires présents.