A Mahyutsa, village littoral du lac Kivu, situé au sud de la cité de Sake, à plus de 23 km de la ville de Goma, des milliers des personnes vivent sans latrines et sans eau potable.
Pour effectuer diverses activités de la vie quotidienne, la population recourt, ponctuellement à l’eau du lac, utilisée aussi comme l’eau de boisson. Cette situation expose les habitats de Mahyutsa à diverses maladies d’origine hydrique dont le choléra, déjà endémique dans la zone.
« La plupart des cas suspects de choléra viennent de Mahyutsa. Un quartier qui fait face à la pénurie d’eau. Lorsqu’il y a rupture d’eau du réseau, les gens ont l’habitude de fréquenter le lac ou ils utilisent l’eau sans chlore. L’insuffisance des latrines est une des causes qui favorisent l’endémicité des maladies hydriques comme les diarrhées et le choléra : la plupart des gens font leurs selles sur le sol et à l’air libre », explique Josué Bauma, infirmier titulaire du centre de santé Afia de Sake.
Près de la moitié des cas de choléra pris en charge à Sake proviennent de Mahyutsa
De janvier à juin 2021, la ville de Goma et la zone de santé de Kirotshe dont fait partie la cité de Sake, ont enregistré 687 cas suspects de choléra dont 190 pour Sake. Près de la moitié des cas enregistrés dans cette cité proviennent de Mahyutsa.
Au cours d’une évaluation menée en juin dernier par une équipe de MSF, seule une minorité des ménages à Mahyutsa dispose des latrines. Elles sont construites, pour la plupart, en brindilles et en tôles rouillées. Les fosses sont peu profondes et sont abandonnées lorsqu’elles sont pleines.
Construction des latrines comme alternative
Grâce à une mobilisation communautaire et en collaboration avec les autorités sanitaires locales, MSF a décidé de construire des latrines publiques afin de contribuer à la réduction des cas de choléra enregistrés dans cette zone.
« La construction des latrines dans Mahyutsa, est une des solutions pour éviter aux personnes de faire leurs besoins dans la brousse. Il y a 30 blocs de latrines avec quatre portes pour chaque bloc qui sont en train d’être construits avec l’appui de MSF. Nous pensons qu’après la construction de ces latrines, les cas de choléra vont diminuer dans Mahyutsa », rassure Ndoole Rwabika Norbert, habitant et président du comité de suivi de construction des latrines de Mahyutsa.
Participation de la communauté et d’autres acteurs
« Nous commençons d’abord par construire des toilettes. La deuxième étape sera l’installation des tanks d’eau pour chaque bloc des latrines. Chaque tank aura une capacité de 500 litres. Nous allons commencer d’abord avec de l’eau de pluie, mais nous menons actuellement des plaidoyers auprès d’autres acteurs pour renforcer ce dispositif d’approvisionnement en eau », confie Jacob Omale, responsable des activités d’eau, hygiène et assainissement de MSF au Nord-Kivu.
Débuté le 19 juillet dernier, les travaux de construction des latrines prendront fin au mois de septembre prochain. Selon les données du ministère de la santé, 200 cas de choléra ont été enregistrés en juillet dernier sur l’ensemble du territoire national. Le Sud Kivu demeure la province la plus touchée avec 80 cas enregistrés, suivi du Nord Kivu et du Haut Lomami.