Après l'éruption du volcan Nyiragongo, la ville de Sake située à 25 km de la ville de Goma, abritait jusqu'à 180 000 personnes dans la nuit du 22 au 23 mai et les autorités locales ont ordonné leur évacuation le 27 mai. Deux semaines plus tard, faute d'aide humanitaire, les gens ont commencé à retourner dans la capitale provinciale du Nord-Kivu. Environ 36 000 personnes s'y trouvaient encore le 6 juin 2021, notamment à l'église néo-apostolique, l'un des plus grands sites qui a accueilli des centaines de familles dans des conditions difficiles. L'église se vide à l'heure du culte. A partir de 13h, les familles regagnent le bâtiment où elles passent la nuit.
Antoine Ngola Syntexe, 23 ans, est étudiant. Il est arrivé à Sake avec ses trois frères et ses parents après avoir fui Goma lorsque les autorités locales ont ordonné l’évacuation de certains quartiers de la capitale provinciale du Nord Kivu. Depuis, il s’est engagé aux côtés des collectifs de jeunes de Sake et Goma pour venir en aide aux personnes déplacées par l’éruption du Nyiragongo.
« Les commerçants profitent de la situation et les prix des denrées ont flambé ; les taux de change se sont envolés et l’accès à l’eau et aux toilettes reste difficile. L’entassement des gens dans les sites où ils avaient trouvé refuge a généré des tensions. Heureusement que nous avons accès à des soins de santé gratuits, grâce à MSF : ils soignent tout le monde, sans payer », conclut Antoine.
17 personnes entassées dans les deux pièces de Faida
De son côté, Faida Lumo accueille des personnes déplacées de Goma depuis le 23 mai, dans sa résidence à Sake. « Les enfants et moi avons déplacé les meubles pour accueillir le plus de personnes possible. Ce n’était pas suffisant et nous avons investi la maison de ma mère, juste à côté de la mienne. C’était devenu très difficile notamment en raison du manque d’eau potable. On s’est organisé en équipes pour aller puiser de l’eau dans un ruisseau près de chez nous, puis la désinfecter grâce aux points de distribution de chlore installés par MSF».
« Les méthodes mises en place par MSF continuent de subvenir à tous nos besoins, notamment la prise en charge gratuite des malades et l’accès à l’eau potable. Avec le retour progressif des familles déplacées vers Goma, les tensions s’apaisent. Ma seule crainte : l’accès à la nourriture. J’abrite encore quatre personnes à la maison et manger devient de plus en plus compliqué », explique Faida Lumo.
Pour faire face au manque récurrent d'eau potable à Sake, une ville de 70 000 habitants où le choléra est endémique, MSF a installé les réservoirs d'eau à proximité du site, que les familles utilisent pour leurs besoins quotidiens, notamment pour boire, se laver, cuisiner et faire la lessive.