Depuis 2018, la zone de santé de Kamituga en territoire de Mwenga au Sud-Kivu, fait face à des flambées de choléra. L’accès difficile à la zone, la récente croissance démographique et les obstacles dans l'accès aux soins de qualité favorisent la résurgence régulière de cette bactérie. Entre janvier et février 2024, 232 patients atteints de cette maladie ont été pris en charge au sein de l’hôpital général de Kamituga, dans le cadre du partenariat entre MSF et les autorités sanitaires locales.
Cité minière montagneuse, Kamituga voit sa population augmenter depuis plusieurs années. Ces nouveaux arrivants sont essentiellement des artisans creuseurs d'or et cette croissance démographique met à rude épreuve les infrastructures hydrauliques. Initialement conçues pour approvisionner en eau 100 000 personnes, les installations hydrauliques sont désormais utilisées par plus de 400 000 personnes.
« L'une des principales conséquences de la croissance démographique est la pénurie d’eau potable. Les installations de distribution d'eau n’ont pas été conçues pour approvisionner les ménages qui résident dans les sommets et les flancs des collines. Pourtant, une bonne partie des habitants vit désormais dans ces quartiers. Le problème d’approvisionnement en eau oblige ces derniers à consommer les eaux de sources ou de rivières contaminées », explique Robain Buchere, responsable des activités de l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement au sein de MSF.
Quand les centres de santé sont intégrés dans les habitations
À Kamituga, les soins de santé constituent un fonds de commerce au même titre que la vente d’or. En effet, la ville fait face à une prolifération de structures de santé qui sont pour la plupart hébergées au sein des maisons familiales. La ville à elle seule compte près de 50 de ces structures de santé.
« Dans un contexte où le choléra est mal connu de la population, la prise en charge de maladies comme le choléra au sein de telles structures, peut poser un problème de santé publique parce que ces structures ne respectent pas les mesures d’hygiène élémentaire et n’ont les moyens de soigner correctement les patients », s’inquiète Benjamin Zaziba, infirmier superviseur des activités menées par l’équipe d’urgence MSF.
Il y a encore quelques années Kamituga n'était pas identifié comme zone endémique au choléra, ce qui implique que sa population manque d’informations sur les risques liés à la maladie. Selon Benjamin Zaziba, en plus de la promiscuité entre les établissements de santé et les maisons d’habitation, l’absence de planification dans l’urbanisation de la ville et les mauvaises habitudes relatives à l’hygiène favorisent la propagation du choléra dans la communauté.
La réponse d’urgence entravée par les difficultés d'accès à la zone
Environ 185 km séparent Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu, de la cité de Kamituga. À cause de l’état de délabrement avancé de la route nationale N°2, les équipes MSF ont mis deux jours pour atteindre la cité. « Nous avons effectué le voyage par automobile, à moto, et à pied sur les passages plus difficiles. Plusieurs camions transportant des vivres restaient bloqués pendant des semaines sur cette route à cause de son impraticabilité », raconte Benjamin Zaziba.
« Malheureusement, nos partenaires du bureau central de la zone de santé de Kamituga rencontrent des difficultés similaires pour acheminer les échantillons médicaux vers Bukavu. Cette situation restreint également d'autres acteurs humanitaires à intervenir dans la zone de santé », a-t-il déploré.
Des solutions urgentes et d’autres durables pour lutter contre l’épidémie.
Face à cette recrudescence de choléra qui a également touché la prison de Kamituga, MSF a mis en œuvre une intervention visant d’une part à répondre aux besoins immédiats mais également à assurer la prévention à long terme contre l’épidémie. À l’hôpital général de Kamituga, un centre de traitement du choléra ainsi que huit installations sanitaires, 4 douches et 4 toilettes ont été construites. Un circuit dans la prise en charge des patients a également été mis en place pour limiter la contamination au sein de l’hôpital. En vue d’assurer la disponibilité de l'eau potable dans la structure sanitaire, un réservoir d'eau de 15 000 litres a été mis en place.
Dans la communauté, 20 points de chloration ont été installés. Parallèlement, MSF a financé l’aménagement de six sources d'eau, pour renforcer l’accès à l’eau potable afin de réduire les risques de contamination en s’attaquant aux causes profondes de la transmission du choléra. Enfin, plus de 170 600 personnes ont bénéficié de séances de sensibilisation pour adopter des comportements préventifs contre le choléra.