Depuis le mois de mai 2021, plus de 2000 personnes ont été touchées par une épidémie de méningite dans la province de la Tshopo, la troisième enregistrée après celles remontant à 2009 et 2014 à Kisangani. A date, près de 200 personnes sont décédées après avoir contracté la maladie. Des analyses effectuées par l'Institut Pasteur de Paris ont permis de confirmer la présence de Neisseria meningitidis dans les échantillons envoyés, l'une des bactéries les plus courantes responsable de la méningite.
Face à la maladie, la nécessité d’une prise en charge précoce et spécifique
A l'issue d’une visite exploratoire effectuée par une équipe visant à évaluer l’étendue des besoins médicaux, Médecins Sans Frontières a démarré des activités à Banalia, à 130 kilomètres au Nord de Kisangani, afin de participer à la réponse sanitaire face à la propagation de cette maladie qui, non traitée, représente un danger mortel. L'épicentre de la maladie se trouve dans l'aire de santé de Panga, dans la zone de santé de Banalia. Cette dernière compte 20 aires de santé et toutes sont touchées par cette épidémie de méningite avec un total de quatre décès depuis la fin du mois de septembre.
"La prise en charge dans la localité était coordonnée par les autorités sanitaires à l'hôpital général de référence (HGR) de Banalia. Nous nous sommes dès lors focalisés sur le renforcement des capacités existante et avons entrepris d’implanter une unité dédiée à la prise en charge des cas de méningite au sein de l’hôpital" complète le responsable des activités médicales de MSF sur place, Dr Jean-Pierre Badibanga.
Soulager les symptômes et répondre aux questions sur une maladie peu connue
Gentillesse, 21 ans, est une patiente de l’unité du HGR dédiée à la prise en charge de patients atteints de méningite. Prise de forts maux de tête, de vomissements, de fièvre et de raideur de la nuque, elle ne savait pas que ces symptômes pouvaient être ceux de la méningite. Après plusieurs hésitations, Gentillesse s’est finalement rendue à l’hôpital et commencé un traitement. "Au début, j’hésitais pour me rendre à l’hôpital. Certaines rumeurs dans nos villages disaient que c'était le COVID" raconte-t-elle en souriant.
"Je commence à me sentir mieux petit à petit, le personnel soignant s'est occupé de moi et j'ose croire que je sortirai bientôt de mon lit" poursuit Gentillesse.
Sabiti, la cinquantaine est rentré à son domicile, après cinq jours de soins :
Les équipes de MSF et du ministère de la Santé ont entrepris de sensibiliser la communauté de Banalia pour encourager la communauté à comprendre la maladie et à solliciter les services sanitaires en cas de symptômes.
Depuis le 20 septembre, les cas sévères de méningite, y compris les comorbidités et les cas d'anémie, sont traités à l'hôpital général de référence de Banalia. En complément de l’unité de prise en charge, les équipes sanitaires ont créé un système de contrôle des maladies et de gestion des flux de patients.
« Nous formons le personnel aux traitements à privilégier, aux protocoles à respecter et aux équipements à utiliser pour soulager au mieux les patients. Nous mettons l’accent sur le suivi des patients, la surveillance, ainsi que l'administration des médicaments »explique Dr Jean-Pierre.
Afin de casser la chaine de transmission de la maladie et d’endiguer sa propagation, une campagne de vaccination est coordonnée par le ministère de la Santé dans toute la zone de Banalia, à laquelle MSF apporte un soutien technique et logistique.