Depuis le mois de novembre 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) intervient aux côtés du Ministère de la Santé pour renforcer la prise en charge des enfants malnutris dans trois zones de santé dans les provinces de la Tshopo et du Haut-Uélé.
En à peine un mois, plus de 120 enfants malnutris sévères et modérés de moins de 5 ans ont été pris en charge dans le centre de santé de Bopepe, dans la zone de santé de Banalia (Tshopo). Dans les zones de santé d’Isiro et Niagara (Haut-Uélé), où MSF appuie sept autres centres de santé, ce ne sont pas moins de 105 enfants malnutris sévères et modérés qui ont été traités en seulement deux semaines.
« Ces chiffres viennent confirmer nos préoccupations. Dans le cadre des campagnes de vaccination contre la rougeole que nous avons réalisées dans ces zones il y a quelques mois, nous avons organisé un dépistage nutritionnel de masse duquel est ressorti des taux de malnutrition aiguë sévère deux à trois fois supérieur aux seuils d’urgence », explique Dr Patrick Nkemenang, coordinateur médical pour MSF.
Si la rougeole affaiblit le système immunitaire des enfants et peut avoir des conséquences négatives sur leur état nutritionnel, ce n’est pas le seul facteur qui explique cette situation préoccupante. Dans la zone de santé de Banalia par exemple, le manque de diversité alimentaire dans le régime quotidien des familles et la faible production de récolte agricole dans la zone contribuent aussi à exacerber la malnutrition. « Le marché le plus proche se trouve à Banalia, à plus de 20 kilomètres d’ici », explique une maman venue faire soigner son enfant au centre de santé de Bopepe. « C’est un long trajet et la route est difficile. Notre alimentation est composée essentiellement de ce que nous produisons dans nos champs, comme les feuilles de manioc, le riz, les arachides et les bananes plantain. »
Manque d’intrants nutritionnels
Le manque, voire l’absence, d’intrants nutritionnels disponibles dans les structures de santé pour prendre en charge les enfants malnutris est un des défis majeurs que nos équipes constatent sur le terrain. « Avant l’arrivée de MSF, le centre de santé de Bopepe faisait constamment face à des ruptures d’intrants nutritionnels depuis déjà plusieurs mois. Dans ces conditions, les prestataires de soins sont démunis et ne peuvent offrir une prise en charge médicale appropriée aux enfants », poursuit Dr Nkemenang. « Ils se retrouvent limités à donner des conseils alimentaires aux parents, qui eux-mêmes manque de moyens pour les appliquer. C’est un cercle vicieux. L’absence de prise en charge précoce de la malnutrition modérée contribue à faire basculer les enfants dans la malnutrition sévère, dont il est encore plus difficile de guérir. »
Durant cette intervention prévue pour trois mois jusqu’au début de l’année 2023, huit centres de santé sont appuyés par MSF. Nos équipes forment le personnel de santé, fournissent les intrants nutritionnels et autres médicaments nécessaires, et sensibilisent les communautés aux signes de danger de la malnutrition ainsi qu’aux bonnes pratiques alimentaires.
« Il est essentiel que ces provinces puissent non seulement avoir accès aux intrants nutritionnels de manière régulière tout au long de l’année mais également que davantage d’acteurs s’impliquent pour lutter contre la malnutrition dans ces zones »
« Notre soutien est ponctuel mais le problème de la malnutrition dans ces parties de la Tshopo et du Haut-Uélé est structurel et ne disparaitra pas en quelques mois. Il est essentiel que ces provinces puissent non seulement avoir accès aux intrants nutritionnels de manière régulière tout au long de l’année mais également que davantage d’acteurs s’impliquent pour lutter contre la malnutrition dans ces zones », insiste Dr Nkemenang.
Durant l’intervention rougeole menée par MSF de juin à août 2022 dans la Tshopo et le Haut-Uélé, plus 3500 cas de la malnutrition aigüe modérée et 1880 cas de malnutrition aigüe sévère avaient été identifiés par nos équipes chez les enfants de moins de 5 ans dans les zones de santé de Banalia, Isiro et Niangara.