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IDPs Camps – Health Care zone of Nizi

Violence en Ituri : une crise oubliée, toujours d’actualité

Responding to war in Ukraine
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Entre 1999 et 2003, des affrontements sanglants ont coûté la vie à environ 50 000 personnes vivant dans la province de l'Ituri, en République démocratique du Congo. Après une certaine accalmie à partir de 2006, les violences ont repris dix ans plus tard et ne se sont pas arrêtées depuis. 

« Depuis mon arrivée dans la province de l’Ituri en novembre 2019, je suis témoin direct de l'impact de ce conflit. Les populations civiles sont mêlées malgré elles aux affrontements et en paient le prix fort », a dit Alex Wade, chef de mission pour MSF en RDC.

Des conditions de vies insalubres

Dans plusieurs campements, les conditions de vie sont désastreuses. Des familles entières partagent des abris de fortune exigus, l’accès à l'eau potable et aux sanitaires est bien loin des standards minimums internationaux. Pour répondre aux besoins de cette population, MSF a procédé à des distributions massives de moustiquaires. Elle a intensifié les activités d'assainissement et d'hygiène, des latrines et des douches ont été construites ainsi que les sources d'eau pour augmenter l'accès à l'eau potable ont été aménagées.

Un « paradis » théâtre de souffrances extrêmes

Drodro, une ville enclavée entre vallées et collines verdoyantes, aurait pu être une sorte de paradis si elle n'était pas le théâtre de violences et de souffrances extrêmes. Après l'échec des pourparlers sur le désarmement en février 2020, une recrudescence de violence a poussé plus de 200 000 personnes à fuir au cours des deux derniers mois seulement.

A Wadda, un village à 12 kilomètres à l’ouest de Drodro, lors de la guerre du 2 mai, plus de 200 maisons ont été brûlées et le centre de santé soutenu par MSF complétement saccagé. Cette population n'a pas voulu se regrouper dans des camps de peur de devenir des cibles faciles lors de futures attaques.

« Ils nous ont attaqués en pleine journée. Nous nous sommes enfuis dans la brousse avec nos familles, sans nourriture, sans abri et exposés à tous les dangers de la nature pendant la saison des pluies », raconte Nojilo Laki Emmanuel, chef de la communauté de Wadda. 

Les civils sont les principales victimes de ces confrontations entre milices, forces nationales et autres groupes armés. MSF est témoin d’une situation dramatique pour les plus vulnérables qui vivent sous la menace permanente d’être pris pour cibles. « Cette violence est systématique. Les centres de santé et les villages sont détruits afin de décourager ceux qui nourriraient l’espoir d’y retourner. Comme notre accès à certaines zones n’est pas garanti, nos équipes peinent à fournir des soins de santé aux populations locales et déplacées, selon Wade. 

Garantir l’accès aux soins et augmenter l’aide humanitaire

Dans une région secouée par des décennies de conflits communautaires, l’insécurité permanente entrave les mouvements des populations et complique ceux des humanitaires. « Les gens ont peur de se rendre dans les centres de santé, qu’ils soient dans les villages ou dans des sites d’accueil. Ils vivent dans la brousse et nous avons dû mettre en place des cliniques mobiles pour pouvoir les y atteindre », explique Benjamin Courlet, coordinateur de terrain pour MSF à Bunia.

MSF exhorte les acteurs nationaux et internationaux à accroître leur présence en Ituri auprès des centaines de milliers de personnes réfugiées sur des sites où les standards humanitaires minimums sont loin d'être atteints, entre insalubrité et surpeuplement. Dans ce quotidien déjà fragile, accéder aux soins s’avère de plus en plus difficile. MSF tente de combler les besoins les plus urgents, mais la crise ne saurait être résorbée sans davantage de services, d’acteurs et de personnels de santé.