Toutes les études de cas > MSF et le Darfour 2003-2009
L’étude de cas 'MSF et le Darfour 2003-2009' examine les contraintes, questionnements et dilemmes liés aux prises de parole publiques de MSF dans la situation de violence extrême, de déplacements massifs et de conditions de survie délétères, endurée par la population du Darfour (Soudan), entre 2003 et 2009.
Dans un premier temps, afin de pouvoir accéder au Darfour et y organiser ses opérations, MSF a décidé de s'abstenir de toute déclaration publique concernant ce contexte de violence, se concentrant sur des appels à davantage d'assistance. Ce positionnement public a suscité des controverses internes comme externes : MSF devait-elle prendre part au débat public sur la qualification de la violence au Darfour comme génocide ou non, soutenir ou s'opposer à une intervention armée internationale, et coopérer ou non avec les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerre présumés au Darfour ?
Deux centres opérationnels de MSF ont été expulsés du Soudan en mars 2009.
Dilemmes & Questions
Au cours de cette période, les choix de MSF en matière d’opérations, de plaidoyer et de prise de parole publique ont fait l’objet de controverses, de dilemmes et de questions :
- MSF doit-elle s’abstenir d’alerter sur les violences extrêmes commises au Darfour, telles que rapportées par les réfugiés darfouris au Tchad, afin de ne pas irriter les autorités soudanaises et de préserver les chances d’accès au Darfour ?
- MSF doit-elle s’exprimer publiquement sur l’existence ou non d’un génocide au Darfour ? Est-ce le rôle de MSF ?
- Si MSF qualifie la violence au Darfour de génocide, cela risque-t-il de justifier une intervention armée qui affaiblirait, entraverait ou détruirait l’impact des opérations humanitaires ?
- En mettant en doute publiquement l’existence d’un génocide, MSF risque-elle de servir le gouvernement soudanais dans sa négation des violences extrêmes commises par les milices qu’il soutient ? MSF doit-elle prendre le risque d’être perçue comme telle ?
- MSF doit-elle diffuser publiquement des informations sur les violences commises à l’encontre de la population, et prendre ainsi le risque que ces informations soient utilisées par la justice internationale ? MSF ne risque-t-elle pas d’être ainsi perçue comme un potentiel informateur de la justice internationale pour de futures inculpations de chefs de guerre ? Cette perception peut-elle entrainer la mise en danger des équipes sur le terrain ou le blocage de l’accès aux populations?
- Comment MSF pourrait-elle gérer son éventuelle implication dans le processus d’accusation de la Cour pénale internationale qui considère que le refus de l’aide humanitaire constitue une preuve de l’intention de génocide ?