Chers tous,
L'onde de choc mondiale provoquée par l'assassinat de George Floyd a amené de nombreuses organisations à examiner de près et franchement leur niveau de progrès dans la lutte contre le racisme et la discrimination. En procédant nous-mêmes à cette évaluation - et malgré des années de sensibilisation et d'efforts pour mettre en œuvre de nouvelles politiques - nous reconnaissons que les avancées ne sont nulle part assez rapides. Nous reconnaissons également que notre gouvernance, ainsi que la localisation des postes de pouvoir de notre mouvement, ne reflètent pas la diversité de notre organisation.
Pour le Core ExCom
Les plans stratégiques des cinq Centres Opérationnels, publiés il y a quelques mois à peine, comportent des engagements forts en matière de diversité, d'équité et d'inclusion, ainsi que des remises en question de la concentration du pouvoir en Europe. Nous pensons qu'il s'agit là de pas importants, au sein de MSF, pour lutter contre le racisme. Nous travaillons tous à transformer ces engagements en actions concrètes. Nous définirons des étapes claires pour ces actions et veillerons à rendre compte des progrès réalisés aux conseils d'administration, au personnel, aux membres associatifs, aux donateurs et aux patients.
Cependant, nous savons que ces changements doivent aller beaucoup plus loin pour offrir un environnement de travail plus juste et plus équitable à notre personnel. Nous devons également examiner comment les inégalités que nous constatons dans notre organisation influencent les soins que nous dispensons aux patients et notre transparence à leur égard.
Nous devons aller plus loin dans la compréhension et le traitement des préjugés et des obstacles qui existent au sein de MSF. Certains sont ancrés dans nos processus, d'autres dans les cultures des lieux où les décisions sont prises et mises en œuvre, ce qui façonne ensuite notre comportement et nos modes de pensée. Beaucoup sont le résultat de l'Histoire. Fondées en Europe, les pratiques et les structures de MSF ne sont pas à l'abri de l'influence du passé colonisateur du continent. Nous devons aborder ces questions de front, même si cela peut être inconfortable, voire difficile, pour ceux qui prennent actuellement les décisions.
Nous sommes bien conscients que la grande majorité des Directeurs Généraux nommés par nos associations sont d'origine européenne, ce qui limite notre capacité à identifier l'étendue de nos propres préjugés et à offrir des perspectives véritablement diverses pour diriger notre mouvement. Nous sommes également conscients du fait que le racisme n'est pas le seul problème auquel nous sommes confrontés ; nous constatons également des discriminations fondées sur le sexe, la religion, la sexualité et le statut social.
Nous devons entreprendre des réformes dans toute l'organisation, ce qui impliquera de :
- briser le plafond de verre pour le personnel recruté localement ;
- remédier à la différence de rémunération dans nos équipes ;
- revoir les différents niveaux de risque pris par nos personnels ;
- continuer à nous attaquer aux problèmes plus larges de harcèlement, d'abus et de discrimination dans toute l'organisation, en se concentrant particulièrement sur les patients que nous traitons afin de s'assurer qu'ils peuvent signaler et être réellement protégés des éventuels abus perpétrés par le personnel de MSF ; et
- évaluer de manière critique toute situation de médecine à deux vitesses qui pourrait exister, par exemple lorsque la baisse du niveau de qualité des soins devient une norme dans de nombreux pays où nous opérons.
En tant que Core Executive Committee, nous nous engageons mener à bien ces mesures radicales recherchées et exigées par nos associations. Nous nous engageons à proposer et à mettre en œuvre des réformes permettant de refléter la riche diversité du mouvement MSF dans la composition de notre gouvernance internationale, tant associative qu'exécutive. Cela conduira MSF à devenir une organisation globale toujours plus diverse, équitable et juste, où chacun pourra contribuer à la définition de l'action médicale humanitaire de demain.
Nelke Manders, Directrice générale MSF-Hollande, Chair d’OCA
Meinie Nicolai, Directrice générale, MSF OCB
Marta Cañas, Directrice générale, MSF OCBA, MSF Espagne
Thierry Allafort-Duverger, Directeur général, MSF France
Liesbeth Aelbrecht, Directrice générale, OCG
Jeremie Bodin, Directeur général, MSF Japon
Erwin van’t Land, Directeur générak, MSF Norvège
Christopher Lockyear, Secrétaire géneral, MSF International