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Rhoe Internally Displaced People camp, DR Congo

Crise et conflits

Malgré les différents accords de paix et les efforts consentis par les autorités nationales en vue de mettre fin aux guerres en RDC, une multitude de conflits armés et d’affrontements intercommunautaires perdurent encore. Meurtres de masse, pillages, incursions armées, tortures, exactions, violences sexuelles… sont signalés presque tous les jours. Ces conflits récurrents ont des conséquences dramatiques pour les populations, notamment dans la province d’Ituri et dans les deux Kivu. Le dernier remonte du 07 juin 2021, à l'hôpital général de référence de Boga dans le territoire d'Irumu saccagé et incendié. 

Déplacement interne de la population 

L'instabilité et l'insécurité dans les provinces de l’Est de la République démocratique du Congo entraînent souvent des vagues de déplacement forcé de populations. Avec plus de 2.8 millions de personnes déplacées pour la seule province de l’Ituri, le pays a l’un des taux les plus élevés de déplacement interne au monde. Les conflits armées et intercommunautaires sont les principales causes de ces déplacements, aux conséquences ravageuses pour les populations civiles.

Leurs maisons sont souvent pillées, des champs incendiés, des structures de santé détruits. Elles sont confinées dans des camps de fortunes, des églises, écoles … où elles luttent pour leur survie sans accès à l’’eau potable, à la nourriture, à l’abri. Les mauvaises conditions dans lesquelles ces personnes déplacées vivent les exposent à diverses maladies.

Le système sanitaire public est décimé, les centres de santé détruits et pillés. MSF est témoin de la situation dramatique qui touche ces populations vulnérables. Nous leur fournissons des soins médicaux gratuits, menons des activités d'approvisionnement en eau et d'assainissement, distribuons des moustiquaires et des biens de première nécessité.

Un cycle de violence amené à se répéter dans la province de l’ituri

Le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, est régulièrement en proie à la violence depuis 2017, et la résurgence de conflits armés sur fond de tensions communautaires. Entre le 12 et le 28 novembre 2021, quatre attaques successives d’une violence inouïe ont frappé les sites de Tché, Drodro Paroisse, Luko et Ivo.

Une nouvelle escalade de violence qui détériore la situation humanitaire et sécuritaire des sites de déplacés de la zone, augmente la vulnérabilité et l’isolement de la population.

Suzanne, 52 ans, originaire de Dhedja, était agricultrice et a fui à Ivo avec ses trois enfants. C’est la seconde fois qu’elle est contrainte de fuir, cette fois à destination du camp de Rhoe. À Ivo, elle avait vu des passants se faire tirer dessus et entendu ses voisins se faire attaquer à la machette, mais était parvenue à s’échapper avec sa famille.

Ressassant sans cesse les images du massacre de ses voisins, elle peine à s’occuper de ses enfants et manque de perspectives : « je suis abandonnée à mon sort, sans nourriture, mes enfants et moi-même sommes malades depuis notre arrivée dans le site. »

Comme Suzanne, plus de 40 000 personnes ont été contraintes de se réfugier sur le site de Rhoe dans la zone de santé de Blukwa Etat, une zone difficile d’accès et où les acteurs humanitaires ont une présence réduite en raison de la récurrence de problèmes de sécurité

« Les gens ont été confrontés à de nombreuses difficultés, le froid, le manque d’abris, de latrines. Les affrontements entre groupes armés ont conduit au déplacement massif de la population, y compris des agents de santé qui ne sont, dès lors, plus au chevet de leurs patients », explique Dr Benjamin Safari, médecin pour MSF à Drodro. « Les besoins sanitaires sont énormes, nous avons démarré plusieurs activités afin de renforcer les capacités de prise en charge des enfants de moins de 15 ans », précise-t-il.

A l’origine, le poste de santé avancé installé dans le camp avait vocation à référer les patients nécessitant des soins plus lourds vers l’hôpital général de référence (HGR) de la ville de Drodro, plus équipé. Suite aux derniers affrontements ayant détruit un pan de Drodro et poussé une partie de ses habitants vers le camp de Rhoe, les équipes de MSF y ont été relocalisées et le poste de santé avancé transformé en quasi-hôpital de campagne aux conditions rustiques pour venir en aide aux désormais plus de 65 000 personnes, soit 40 000 de plus en deux mois.

Au cours des dernières semaines de décembre 2021, les équipes médicales ont réalisé en moyenne hebdomadaire plus de 800 consultations, assisté 35 accouchements, et pris en charge plusieurs dizaines de patients nécessitant une assistance en santé mentale. À cela s’ajoutent des séances de sensibilisation dispensées par des équipes de promotion de la santé déployées sur le site, et dont les objectifs sont de détecter les cas de malnutrition aigüe, de maladies chroniques et d’informer sur les services de soutien aux potentielles victimes de violences sexuelles.

« Les communautés qui s’affrontent dans la région ont été délaissées depuis trop longtemps et nous ne réglerons par leurs différends avec des pansements et des médicaments. Il est nécessaire que l’Etat congolais et ses partenaires internationaux prennent leurs responsabilités pour inverser la dynamique de ce cercle vicieux qui conduit à toujours plus de morts, de blessés, et de déplacés »,souligne Davide Occhipinti, coordinateur de projet MSF à Drodro.

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